Joomeo :
Bonjour Mathieu ! Nous avons découvert récemment vos photos sous-marines et nous vous avons demandé de nous faire connaître cette spécialité tout aussi poétique que technique. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à votre propos ?
Mathieu Cornillon :
Pour faire simple je suis un photographe et plongeur toulousain de 35 ans. J’exerce un métier qui n’a rien à voir avec chacune de ces 2 passions qui occupent la plupart de mon temps libre !
Joomeo :
Lorsqu’on voit vos images, on se dit que regarder de telles beautés donne forcément envie de faire des photos. Est-ce la plongée qui vous a amené à la photo ou le contraire ?
Mathieu Cornillon :
En fin de compte, ni l’un ni l’autre ! Ces 2 passions, plongée et photographie, me sont venues à peu près en même temps, il y a de cela bientôt 14 ans. Néanmoins il m’a fallu environ 5 ans de pratique dans chacune des disciplines avant de me dire : « Tiens, il serait peut être temps d’essayer de concilier les deux ! ». 😉
5 ans de pratiques dissociées n’étaient pas de trop à vrai dire ! Il est vraiment nécessaire de maîtriser correctement chacune des 2 spécialités pour pouvoir les lier. En fait, il y a trop de paramètres à gérer simultanément en photo comme en plongée pour pouvoir apprendre l’une et l’autre ensemble.
Joomeo :
En effet, les 2 mondes imposent une certaine technicité… D’ailleurs, pourriez-vous nous décrire quelles sont les contraintes auxquelles vous êtes confronté lorsque vous photographiez le monde marin ?
Mathieu Cornillon :
La première difficulté, à mon sens, est purement pratique et elle concerne la plongée : il faut savoir gérer son équilibre parfaitement ! Il faut pouvoir être le plus stable possible dans l’eau d’une part pour éviter le flou de bougé et d’autre part pour ne pas venir écraser le sol ou les rochers en prenant appui dessus. Si on n’y prête pas suffisamment attention, on risque tout simplement de détruire les petits habitants qui s’y trouvent.
Une fois que ce point est acquis, il est nécessaire de se concentrer sur le contrôle de sa respiration. L’objectif est d’éviter de faire trop de bulles pour ne pas faire fuir les poissons !
L’aspect artistique vient dans un second temps. On commence d’abord par faire des photos simples : si déjà le poisson est net et cadré, c’est un exploit ! Puis, avec l’expérience, en ajoutant notamment un ou plusieurs flashs déportés à son appareil, on commence à travailler les compositions artistiques et la mise en valeur du sujet et des différents plans.
Pour rappel, l’appareil photo est logé dans un caisson étanche, et nous avons nous même un masque sur les yeux, ce qui ne rend pas vraiment pratique la prévisualisation des photos dans l’œilleton de l’appareil ! Beaucoup de photos se font au jugé, avec tous les aléas que cela implique. De fait, la photo numérique a apporté beaucoup de souplesse parce que prendre une grande quantité de photos ne coûte pas cher ! Ce n’était pas le cas avant et ça facilite grandement l’apprentissage.
Joomeo :
Justement, puisque vous abordez l’aspect matériel, en termes d’équipements photographiques quelles sont vos préconisations ?
Mathieu Cornillon :
Pour commencer, je me suis équipé en 2006 d’un compact expert d’occasion vendu avec son caisson, un Olympus C8080 de 8 MPixels. Il m’a permis de débuter rapidement et d’avoir accès aux réglages manuels nécessaires à la personnalisation des prises de vue. Sans parler de la qualité de l’optique, à mon sens, il est mieux d’avoir un appareil « expert » pour être capable d’accéder aux différents modes basiques (A, S, M) de l’appareil.
Je n’utilise jamais le mode auto ni le mode sous-marin. Je préfère garder la maîtrise et savoir ce que fait l’appareil en choisissant la priorité ouverture ou vitesse d’obturation de l’appareil, ou en passant tout simplement en mode manuel.
Un peu plus tard, je me suis équipé d’un flash déporté ce qui m’a permis de faire évoluer mes compositions et éclairages. J’ai considérablement amélioré la qualité de mes photos grâce à cet investissement… et à mes très nombreux essais pour le maîtriser !
Joomeo :
Quel est votre plus beau souvenir dans la pratique de cet art ?
Mathieu Cornillon :
On ne le soupçonne pas, mais la flore et la faune sous-marine va du très gros au très très très petit. Et en définitive, c’est souvent le très très très petit qui est le plus spectaculaire en terme de formes et de couleurs !
J’ai adoré plongé au milieu des raies Mobulas et Mantas évidemment ! D’autant plus que j’ai connu ça au Açores et que ces animaux font 3 à 4 mètres d’envergure. Malgré tout, je garde un plaisir particulier à plonger près de chez moi, en Méditerranée. Je ne sais pas… les détails géométriques, quasiment fractals, des méduses, étoiles de mer ou autres oursins me parlent.
Il m’est même arrivé plusieurs fois de découvrir a posteriori, sur l’écran de mon ordinateur, des animaux microscopiques magnifiques ! C’est-à-dire que je les avais saisis sans le vouloir, en photographiant un poisson ou un crustacé de taille normale, juste à côté ! Un moyen agréable de revivre ses plongées une fois rentré à Toulouse, chez soi !
Joomeo :
Quels conseils donneriez-vous à un néophyte qui souhaite se lancer dans ce domaine ?
Mathieu Cornillon :
Mon conseil principal : dès que vous vous sentez à l’aise avec votre flottabilité dans l’eau et avec votre gestion de la plongée, LANCEZ-VOUS ! D’autant plus qu’on peut arriver à de très bons résultats avec des appareils compacts grand public ou expert.
N’oubliez pas de photographier les toutes petites choses ! La photo macro en plongée est très gratifiante, car elle amène très vite des beaux et bons résultats !
J’espère que cet article donnera envie aux plongeurs de se mettre à la photo… et aux photographes de se mettre à la plongée !
Joomeo :
Nous n’en doutons pas Mathieu ! D’ailleurs, s’il fallait encore en convaincre certains, le diaporama que vous nous avez préparé devrait y parvenir sans problème ! Il est temps de laisser parler les photos maintenant…
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son espace Joomeo : L’espace Joomeo de Mathieu Cornillon
sa page Facebook : Mathieu Cornillon
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